35 rue Isaac, 2011
Période(s) d'occupation : Préhistoire, Protohistoire, Antiquité, Moyen-Âge, Moderne, Contemporaine
Opération : Diagnostic d'archélogie préventive
Dates de l'opération : 18 juillet-11 août et 5-19 septembre 2011
Post-fouille : Rapport achevé
Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon
Aménageur : ICF Sud-Est Méditerranée
Le diagnostic réalisé au 35, rue Auguste Isaac (Lyon 9e) constitue la quatrième étape d’une opération d’évaluation du potentiel archéologique d’une parcelle de 15 000 m² soumise à la reconstruction et à la réhabilitation d’un vaste ensemble de logements individuels et collectifs. L’emprise au sol de cette troisième tranche du diagnostic concerne l’implantation, au sud-ouest, de deux futurs bâtiments (A et B) de logements collectifs R-1.
Il fait suite à trois opérations archéologiques réalisées sur l’ensemble de l’ilot, un premier diagnostic dans la partie nord (Bertrand et al. 2009), suivi d’une fouille en 2010 (Jallet et al ., rapport définitif en cours) et un second diagnostic réalisé sur des aménagements paysagers et la reprise des réseaux dans la partie nord-est et sud-est (Liagre et al . 2009).
Le site, implanté dans le nord de la plaine de Vaise, se trouve en rive droite de la Saône. Cette parcelle est située sur un plateau naturel qui s’étend entre les flancs du versant de la Duchère, légèrement au sud de la vallée du ruisseau Rochecardon, et à l’ouest de la plaine alluviale de Vaise localisée en contrebas.
Cette opération, réalisée en juillet-août et en septembre 2011, a consisté en 4 sondages répartis sur l’ensemble de la surface prescrite, représentant une surface cumulée de 445,44 m2 à l’ouverture, soit un total de 9,8 % de l’emprise globale du projet . L’ensemble de ces sondages ont livré des niveaux archéologiques distincts allant de la période préhistorique à la période contemporaine, en atteignant systématiquement les niveaux naturels et stériles du terrain. Les quatre sondages ont livré des structures archéologiques en place ainsi que du mobilier résiduel.
Neuf phases anthropiques correspondant aux périodes de fréquentation ou d’occupation de cette partie sud de l’îlot ont été ainsi documentées :
Phase 1
Paléolithique : un paléosol (US 4057) est conservé dans le sondage 4. D’un point de vue taphonomique, la disposition des éléments lithiques et les remontages effectués sur plusieurs fragments de galets brûlés fracturés sur place présupposent une très faible altération post- dépositionnelle. C’est le cas pour une structure (F 4083) dégagée partiellement dans l’angle sud-est du sondage profond, et dont l’interprétation semble s’orienter vers un foyer de pierres chauffantes.
Phase 2
Mésolithique : une ou plusieurs industries lithiques très denses sont présentes dans les limons sableux du sondage 4 (US 4055-4056). On les retrouve de manière résiduelle ou secondaire sur l’ensemble de la parcelle, et elles sont particulièrement présentes dans un épais niveau de colluvions du sondage 2 (US 2016).
Phase 3
Néolithique moyen : des éléments lithiques et céramiques épars et résiduels ont été relevés dans les sondages 2, 3 et 4.
Phase 4
Campaniforme/Bronze ancien : très présente avec une ou plusieurs occupations synchrones ou successives illustrées par de nombreuses structures en place (niveaux d’occupations, trous de poteaux, foyer, structure bâtie en pierres sèches…) dans les sondages 1, 3 et 4.
Phase 5
Bronze final : avec une fosse (F3023) et un probable TP (F3010) dans le sondage 3, et quelques éléments résiduels sur l’ensemble de la parcelle sondée
Phase 6
Antiquité : des lambeaux de sol (empierrements : US 1040, 1038) dans le sondage 1 et des structures agricoles : drain (F2012) et fossé (F2014) dans le sondage 2.
Phase 7
Moyen Age : très présente aussi avec deux occupations du haut Moyen Age (7a) et du Moyen Age centrale (7b) composée d’aménagements indéterminés interprétés comme un probable fond de cabane ? (F4023), un fossé (F4020), et deux fosses-silos ( ?) (F 4033, F4036) dans le sondage 4.
Phase 8
Epoque moderne : avec des traces évidentes d’activités agricoles (sillons : F4014) dans le sondage 4.
Phase 9
Epoque contemporaine : des niveaux de terres de jardins sur l’ensemble de la parcelle scellent la stratification du site. Ils sont attestés par les plans anciens depuis le XVIIIe siècle et semblent avoir perduré jusqu’à l’époque contemporaine.
Géomorphologie
L’analyse
géomorphologique réalisée lors de ce diagnostic confirme principalement
que des apports alluvionnaires (Saône plutôt que Rochecardon ?) et
colluvionnaires (déstabilisation du versant) ont participé à la mise en
place et à des remaniements des niveaux anthropiques à diverses
périodes.
Enfin, l’observation de deux terrains naturels distincts au nord et au sud de la parcelle sondée suggère l’existence d’un phénomène géomorphologique notable. En effet, une matrice sableuse identique à celle relevée dans les sondages 1 et 2 de la première tranche de diagnostic et lors de la fouille de la parcelle nord a été observée dans la partie nord et centrale de l’emprise ( sondages 4 et 1 : à partir de 169,24 m NG /170,35 m NGF) ; alors qu’à l’inverse, dans la partie orientale et sud de cette parcelle, le terrain naturel se compose de niveaux argileux très compacts d’origine alluviale ou colluviale (sondages 3 et 2 : à partir de 166,32 et 165,44 m NGF). L’absence de ces sables lités dans la partie centrale et sud de cette parcelle amène à trois postulats possibles : soit ils ont existé et ont été sapés par un agent naturel et remplacés par d’autres sédiments, soit ils n’ont jamais atteint ce secteur, soit enfin ils existent, mais en deçà des niveaux stériles atteints. Cette dernière hypothèse nous semble très improbable compte tenu de la profondeur atteinte par carottage (près de 5 m par rapport au sol actuel) au fond des sondages 2 et 3. Ce phénomène pourrait être mieux observé et appréhendé au centre de la parcelle, à la limite entre ces deux dépôts, sous les fondations des deux habitations mitoyennes actuelles n°12-13 (entre le sondage 1 et 3).