Place Abbé Larue (diagnostic)
Période(s) d'occupation: Antiquité, Moyen Âge, Moderne, Contemporain
Opération : Diagnostic (achevé)
Dates de l'opération: du 25 mai 2012 au 13 juin 2012 puis du 26 juin 2012 au 17 juillet 2012
Opérateur: Service archéologique de la ville de Lyon
Aménageur: SAHLMAS
Le projet de construction d’une résidence étudiante a été à l’origine d’une prescription de diagnostic archéologique émise par le service régional de l’Archéologie Rhône-Alpes, au début de l’année 2012. Ce projet prévoit, après la démolition d’une maison de retraite, l’édification d’un bâtiment sur deux niveaux de parking. En 1968, à l’occasion de la construction de la maison de retraite, une surveillance des travaux avait été exercée par A. Audin. A cette époque, une série de pieux coffrés et coulés en béton avait percé le terrain pour servir de fondations au bâtiment. A. Audin avait donc surveillé ces creusements et fait un certain nombre d’observations archéologiques. Il est ainsi ressorti de ses investigations, la présence d’un gros mur, ancré très profondément, repéré au fond des puits et interprété par l’archéologue comme appartenant à l’enceinte romaine du Haut-Empire. En effet, ce secteur de la colline de Fourvière, au débouché de la rue des Farges, a été occupé depuis les premiers temps de la colonie et fait l’objet de nombreuses campagnes de recherches archéologiques dont les résultats ont été très fructueux. Dans un rayon d’à peine trois cents mètres ont été retrouvés des thermes et un quartier d’habitation urbanisé rue des Farges, un quartier artisanal et ses habitations romaines sur les Hauts-de-Saint-Just, le théâtre et l’odéon de Lugdunum , le site médiéval de l’ancienne église Saint-Just, etc.
Le diagnostic réalisé pendant l’été 2012 constituait donc l’opportunité de vérifier l’hypothèse émise par A. Audin et publiée en 1969 dans le Bulletin des Musées et Monuments Lyonnais . Trois sondages ont donc été réalisés. Les premier et troisième sont des sondages blindés ouverts à une profondeur moyenne de 5,60 m. Le deuxième sondage s’est limité à des observations de surface.
Période antique
Des vestiges antiques ont été mis en évidence dans les deux
sondages profonds. Les niveaux les plus anciens mis au jour
appartiennent, selon l’étude du mobilier céramique, à la période
augustéenne. Il semblerait que c’est à cette époque qu’a été édifiée une
première muraille dont la largeur moyenne est de 1,80 m. Cette muraille
est conservée en élévation sur une hauteur de 4 mètres. Elle est
construite en petits moellons de granite liés avec un mortier blanchâtre
dont les joints ont été chanfreinés. Dans la partie basse, le mur est
percé de part en part par un égout voûté en berceau et construit en
briques. Il apparaît que cet ouvrage a été colmaté rapidement par les
boues déposées lors de l’écoulement des eaux, puis par l’apport de
remblais et de colluvions. Dans les années 30-50 apr. J.-C., un espace
funéraire est alors aménagé au pied de la muraille avec
l’ensevelissement d’une urne funéraire et la mise en place de structures
liées à cette fonction (enclos ?). Après l’abandon de cet espace, une
très importante quantité de remblais rehausse peu à peu les terres. Le
parement disparaît progressivement sous l’amoncellement des dépôts,
qu’on peut estimer à une hauteur de près de trois mètres. Le mobilier
recueilli forme un lot relativement cohérent et semble montrer que
l’accumulation des couches s’est faite dans un temps relativement court.
L’analyse de l’ensemble de ce mobilier, de par sa quantité et sa
qualité, fournit ainsi une datation solide correspondant aux années
50-70 apr. J.-C. Dans un second temps, des maçonneries (largeur
0,90 m), dont les imposantes fondations (1,30 m de hauteur) percent les
remblais, s’appuient sur la muraille et divisent l’espace initial. La
destination de ces constructions n’a pas encore été établie. De
l’autre côté du mur, côté nord, les niveaux antiques n’ont pu être
observés qu’en stratigraphie. Ils sont conservés trois mètres plus haut
que ceux situés en aval. L’ouverture du premier sondage a permis la mise
au jour d’un caniveau dallé de carreaux de briques et dont un piédroit
est conservé. Ces niveaux, à la différence des vestiges situés en aval,
sont très arasés et moins bien conservés. L’abandon du secteur semble intervenir entre les IIIe et IVe siècles apr. J.-C. et s’opère par la démolition et la récupération des matériaux provenant des maçonneries.
Période médiévale
Le seul vestige médiéval mis au jour correspond à ce qu’il reste de l’ancien rempart, large de 1,80 m et repéré dans l’axe de la montée du Télégraphe. Une seule assise a été préservée en limite sud-est de la parcelle sondée. Ce mur, connu par le plan scénographique de Lyon, se situe dans l’alignement du tronçon conservé en bordure de la rue des Farges, au devant des fortifications longeant la montée du Télégraphe.
Périodes modernes et contemporaines
Avant la mise en chantier des fortifications lyonnaises du XIXe siècle, la parcelle sondée était bordée par un immeuble dont le sol de cave a été préservé. Il renfermait une importante quantité de mobilier daté du milieu du XVIIIe siècle.
Enfin, les niveaux récents du XIXe siècle, contemporains des fortifications, sont représentés par les vestiges de l’ancienne caserne attenante à la porte de Saint-Just. Cette porte de la ville, datant du Moyen Age et bien visible sur le plan scénographique de Lyon, a été reconstruite dans le courant du XIXe siècle. Elle ouvrait sur la rue des Farges, au débouché de la montée du Télégraphe.