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Rue de la Quarantaine

Adresse: 15-17-19 rue de la Quarantaine, 69005 Lyon

Période(s) : Antiquité, Moyen Âge, Époque moderne, Époque Contemporaine

Opération: Fouille préventive

Dates de l'opération: avril-juin 2019

Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon, INRAP

Aménageur : Promoval


Situé sur la rive droite de la Saône au nord du vallon de Choulans et au pied du versant oriental de la colline de Fourvière, la fouille du 15-17-19 rue de la Quarantaine a livré des niveaux d’occupation de haut de berge datés de l’Antiquité et du haut Moyen-Âge. Ce secteur de la ville, transitoire entre la basilique Saint-Laurent de Choulans au sud et les premiers quartiers antiques de Saint-Georges et Saint-Jean au nord, n’avait pas connu de fouilles archéologiques récentes significatives. Les découvertes anciennes ponctuelles et les premiers diagnostics de sauvetage avaient révélé des indices disparates d’occupations artisanales, funéraires et portuaires.

La cote de fond de fouille (163 m NGF) n’a pas permis une lecture intégrale de la stratigraphie ni d’atteindre les niveaux naturels de construction de la berge. Les vestiges les plus anciens remontent aux premières décennies du Ier siècle apr. J.-C. : il s’agit d’une succession de remblais détritiques et de matériaux provenant des versants et des dépôts alluvionnaires déversés depuis l’ouest pour accroître la rive. L’espace, parfois étroit, qui court entre la rivière et les versants des éminences morainiques a sans doute accueilli assez tôt un axe de circulation, il n’est pas apparu dans l’emprise de fouille. Dans les années 20-30 apr. J.-C., un fossé parallèle au fil de l’eau, dans lequel étaient installées des amphores quasi-complètes en position verticale, a pu constituer un dispositif de maintien des terrains fragilisés par les hautes eaux de la Saône. Toutefois, aucune structure construite n’est à cette époque présente sur le site.

À partir du milieu du Ier siècle, le site bénéficie d’un aménagement pérenne. L’accumulation des remblais soutient alors une plateforme au sud de laquelle un bâtiment est élevé. Il reste surtout de l’édifice un sol de terrazzo qui dessine une vaste pièce large de 4,60 m et d’une longueur minimale de 15 m. Ses limites est, ouest et nord sont connues grâce aux tranchées de récupération de maçonneries, elles ne dessinent qu’une partie du bâtiment qui se déployait en dehors de l’emprise de fouille. Seule une partie des fondations du mur ouest était

conservée : large d’un mètre la maçonnerie de gneiss s’appuyait sur un hérisson de grosses dalles de gneiss disposées sur champ sans liant. Bien qu’il soit très incomplet, le plan ne présente pas les caractéristiques d’un bâtiment d’habitation et sa conception semble plus adaptée à un usage de stockage.

À la limite sud de la parcelle, un égout maçonné et voûté en plein cintre traverse le site d’ouest en est pour se diriger vers la rivière. L’ouvrage, destiné à l’évacuation des eaux usées, pourrait s’insérer dans un programme de viabilisation en lien avec la voirie supposée passer sous l’actuelle rue de la Quarantaine. Toute la partie nord du site demeure vierge de toute construction, cet espace ouvert est caractérisé par une séquence stratigraphique alternant des niveaux d’occupation riches en mobilier et des recharges constituées de matériaux stériles issus de gisements proches.

Cette phase d’occupation avec un bâtiment construit et une zone ouverte d’au moins 350 m² semble effective jusqu’au milieu du IIe siècle apr. J.-C.

Dans le courant du IIIe siècle, la partie nord du site est à nouveau traversée d’ouest en est par deux canalisations orientées vers la Saône. Profondément construites dans des tranchées qui incisent l’ensemble de la stratigraphie de l’espace ouvert, leurs niveaux d’ouverture ne sont pas connus. L’arasement du site aux époques moderne et contemporaine n’a pas permis la conservation des sols de l’Antiquité tardive. Il est ainsi impossible de définir une chronologie relative entre les deux ouvrages qui ont pu coexister ou se succéder. La mise en œuvre de ces canalisations associe des briques en fond de conduit et des piédroits maçonnés avec une couverture en grandes dalles de gneiss sans liant. Leurs orientations sont légèrement divergentes et toutes deux montrent une légère modification de leurs tracés vers le sud à l’approche de la rivière. L’une d’entre elle est dotée d’un regard rectangulaire donnant un accès réduit au conduit. Aucune structure ne peut être rattachée à ces canalisations qui semblent toutefois éviter les ruines du bâtiment. Le mode de construction de ces évacuations, moins robuste que l’égout voûté, pourrait indiquer des dispositifs plus opportuns en lien avec des structures toujoursinconnues à l’ouest du site.

La majeure partie des fondations du bâtiment et des couvertures des canalisations sont spoliées au cours du IVe siècle, mais là encore les sols correspondant à cette phase sont perdus et il est impossible de savoir si les matériaux récupérés ont été remployés sur place ou déplacés.

Les vestiges en creux d’une nouvelle occupation datée du haut Moyen-Âge découpent la stratigraphie antique. Une vingtaine de fosses principalement réunies dans le secteur nord-est de la fouille ont livré de la céramique en circulation durant les VIIe-VIIIe siècles. La destination initiale de ces structures est difficile à évaluer, la présence d’un lutage d’argile dans l’une d’elles pourrait évoquer la préparation d’un silo. Leur comblement final, détritique, est identique avec dans la plupart la présence de fragments de creusets indiquant la présence locale d’un artisanat métallurgique d’alliage cuivreux.

Si la présence de la Basilique Saint-Laurent de Choulans a nécessairement constitué un pôle d’attraction durant tout le Moyen-Âge, les éventuelles traces de fréquentations ou d’installations de cette époque ne sont pas conservées.