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ZAC des Bruyères - Tranche 2

 
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Période(s) d'occupation : Néolithique, Protohistoire, Antiquité, Moyen-Âge, Contemporain

Opération : Fouille préventive

Adresse : Chemin de la Bruyère 69760 Limonest

Dates de l'opération : mai 2014

Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon

Aménageur : SAS Mercier Promotion


Une fouille préventive a été réalisée en mai 2014 sur l’emplacement d’un tronçon de l’aqueduc antique de la Brévenne à l’ouest de la commune de Limonest, en limite avec la commune de Dardilly. Cet aqueduc est l’un des quatre mis en place pour alimenter en eau Lugdunum. Il prélevait les eaux de sources du plateau lyonnais sur la rive gauche de la rivière d’Orjolle à proximité de la Brévenne, à 630 m d’altitude.

Il les acheminait depuis les Monts du Lyonnais par gravité sur 26 km de distance par le biais d’une canalisation de 70 km de longueur, longeant les reliefs naturels, franchissant le vallon de la Brévenne pour atteindre la ville antique sur la colline de Fourvière. Cette fouille fait suite à une série de diagnostics réalisée sur l’ensemble de la ZAC en 2009 par J. Grasso, complétée par une fouille menée sur la parcelle voisine en 2010-2011 par M. Monin (tranche 1).

La surface fouillée, de 1 200 m2, est localisée sur une ligne de crête du plateau lyonnais entre deux petits vallons formés par les ruisseaux de Serre à l’ouest et de Châlin-Bruyère à l’est. Elle a permis de mettre au jour, sous les niveaux remaniés par les activités agricoles récentes, les traces d’une ou plusieurs occupations successives protohistoriques, caractérisées par deux fosses creusées dans des loess argileux quaternaires. Ces structures présentaient dans leur comblement limoneux des rejets de foyer et un mobilier céramique peu abondant associé, dans un cas, à de rares fragments d’outils lithiques. Une troisième fosse, très érodée, pourrait également être protohistorique.
Le tronçon d’aqueduc a été fouillé sur 42 m de long. Dans le sens de l’écoulement, la section étudiée apparaît au nord du terrain avec une orientation nord-ouest / sud-est, présentant une contre-pente qui s’achève après 15 m à l’amorce d’un virage vers l’ouest. La canalisation reprend par la suite une pente douce, maintenant une orientation nord / sud qu’elle conserve jusqu’à la limite de la fouille. L’aqueduc a été implanté dans les niveaux loessiques quaternaires au sein d’une tranchée étroite en U de 2 m de large, à parois verticales et à fond plat. Les piédroits comme la semelle et le hérisson étaient en pierres calcaires dorées à gryphées du Mont d’Or, liées au mortier. Le long du piédroit oriental, la tranchée de fondation était doublée dans sa partie supérieure et comblée par des blocs de même origine, sans liant. Cet aménagement, déjà observé sur d’autres sections de l’aqueduc, notamment à Limonest en 2010-2011, s’interrompait juste après le virage du specus dans la partie centrale de la parcelle fouillée.

Le fond de la cunette centrale, en béton, était recouvert d’un béton de tuileau enduit de mortier hydraulique, constituant un canal interne large de 0,60 m entre deux bourrelets périphériques en quart de rond, et de 0,72 à 0,76 m le long des parois recouvrant les piédroits. La fouille a permis de mettre en évidence plusieurs phases de constructions ou de réfections dans le montage des piédroits comme de la cunette. Initialement surmonté d’une voûte constituant une galerie souterraine, l’ouvrage a fait l’objet d’une récupération systématique des pierres, probablement à la fin de la période médiévale ou au début de la période moderne, ne laissant plus au maximum que 2,30 m d’élévation depuis le hérisson sur les 3,30 m du monument d’origine, pour une galerie interne qui pouvait atteindre 1,80 m.
Deux petits fossés à fond plat et bords verticaux, plus ou moins perpendiculaires au tracé du canal, ont été mis en évidence à l’ouest de la canalisation. Ces petits canaux, contemporains de la construction ou du fonctionnement de l’aqueduc, encadraient le virage et s’élargissaient au contact de l’aqueduc pour atteindre un mètre de largeur. Ils étaient comblés par un remblai conservé sur une faible épaisseur (10 à 20 cm) comportant des morceaux de tegulae ou d’imbrices, des blocs fragmentés de mortier hydraulique et de la céramique pilée. Leurs relations avec la canalisation n’étaient plus observables, du fait de la présence des tranchées de récupération des pierres composant les piédroits et la voûte. Leur fonction n’est pas assurée mais ils pourraient être liés au chantier de construction.

Deux datations par le radiocarbone, réalisées sur des ossements découverts dans le comblement de la cunette après son abandon, semblent indiquer que l’effondrement de la voûte put commencer dès le haut Moyen Âge et que le comblement total du canal ne fut effectif qu’au cours de la période carolingienne.
Dernière modification : 13/07/2016 09:56