Logo pour impression L’anthropologue B. Chamel et l’archéologue N. Fourn présentent : un dentier « cousu d’or »

L’anthropologue B. Chamel et l’archéologue N. Fourn présentent : un dentier « cousu d’or »

Les fouilles du cimetière protestant de l’Hôtel Dieu à Lyon (69002), actuellement en cours d’étude, contribuent à nous révéler les premiers témoignages de la médecine dentaire moderne.

La découverte d’un dentier in situ sur la mâchoire du squelette d’un homme décédé autour de 60 ans en constitue un exemple intéressant. Sa mise en place vient palier un mauvais état bucco-dentaire (nombreuses caries et présence d’abcès) de l’intéressé. Déjà privé de son vivant de ses incisives centrales supérieures, l’étude démontre que l’individu était sur le point de perdre ses incisives latérales suite à des abcès importants. Des soins lui sont alors prodigués.

Dans un premier temps, les incisives latérales menaçant de tomber sont limées jusqu’à la racine. Peu esthétique, cet emplacement vide est alors remplacé par un dentier partiel ; quatre véritables incisives humaines, probablement prélevées sur un cadavre, sont découpées proprement au niveau du collet (jonction de la racine et de la couronne) puis limées afin d’être ajustées les unes aux autres les ajuster entre elles. Des ouvertures y sont percées latéralement sur chacune des dents et une fine barre d’or est insérée en enfilade puis légèrement recourbée afin d’épouser la forme de la mâchoire. Ce dentier rigidifié est ensuite attaché de part et d’autre aux canines en place dans la mâchoire, grâce à un fil d’or « cousu » sur les incisives.

Cette méthode a été inventée par un chirurgien-dentiste français, Pierre Fauchard, qui décrit très précisément ce type d’intervention dans son ouvrage le plus connu, « Le chirurgien-dentiste ou traité des dents » en 1746. Ce type d’intervention, douloureux et coûteux, montre que l’esthétisme commence à cette époque, chez les gens aisés, à être une préoccupation importante.

Dernière modification : 13/08/2018 10:27